jeudi 18 août 2016

Les Vies de Papier, de Rabih Alameddine


Titre : Les Vies de Papier
Auteur : Rabih Alameddine

Genre : Contemporain
Maison d'édition : Les Escales
Date de sortie : 25 août 2016
Nombre de pages : 304
Prix : 20€90


"Un personnage principal original et attachant, nostalgique à l'humour certain, mais des souvenirs un peu trop emmêlés."



J’ai pu découvrir ce livre dans sa version numérique via le site NetGalley, que je remercie donc ainsi que les éditions les Escales pour ce partenariat en vue de la rentrée littéraire.

On retrouve Aaliya, 72 ans, ancienne libraire, grande amoureuse de la littérature et traductrice à ses heures perdues, dans son appartement de Beyrouth où elle vit coupée du monde, plongée dans ses livres et ses petites habitudes.

Mariée à 16 ans avec un homme dont les descriptions ne vous laisserons pas de marbre, un “moustique amorphe, à l’appendice défaillant”, “insecte impotent / impuissant” et qui ne lui a donc jamais donné d’enfant pour finalement divorcer quelques années plus tard, coupée de la religion dans un Liban où elle occupe une place phare, cette femme a décidé de vivre sa vie pour elle, peu importe ce qu’en penseront les autres.

Ce livre à la construction un peu particulière, pas de chapitres, qu’un enchaînement de souvenirs sur plusieurs époques, avec des transitions au fil des pensées de la narratrice, donc pas toujours évidentes à suivre, va donc nous montrer la vie de ce personnage un peu excentrique mais attachant. Il est ponctué de nombreuses citations de la littérature, dont les références, sur la volonté de l’auteur, ne sont pas toujours données, afin de donner comme un jeu de piste, de pousser le lecteur à la recherche.

J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire au début, perdue entre toutes les époques et les différentes amorces finalement pas toujours exploitées par l’auteur. Aaliya, au début du roman, se teint par erreur les cheveux en bleu, pour que cela reste finalement très anecdotique au vu du temps passé seule chez elle, à fuir les miroirs qu’elle laisse volontairement s’encrasser pour ne plus se voir.

L’auteur a su en revanche nous dresser un beau portrait des différentes femmes libanaises, en grande supériorité numérique dans le livre par rapport aux personnages masculins limités et souvent éphémères. Les trois voisines, commères hors pair, la petite nièce étrange mais attachante, l’amie Hannah, touchante et qu’on aurait aimé connaître davantage, et la mère d’Aaliya, un peu mégère, viennent s’ajouter au roman.

J’ai beaucoup aimé le dernier tiers du roman, qui a beaucoup remonté mon avis sur le livre, avec le retour de la mère, dont le demi-frère d’Aaliya essaye de se débarrasser, l’arrivée de la nièce, et de manière générale l’entrée de personnages (encore vivants!) dans le récit au présent.

L’ambiance du livre reste majoritairement mélancolique, avec les souvenirs d’une vie passée, où il ne reste plus beaucoup à faire, et seuls les souvenirs du mari et certaines analyses de la littérature viennent redonner le sourire en attendant la dernière partie.

Notons tout de même cette vision du mari, particulièrement coriace :
“ Mon ex-mari avait la première qualité de l’époque de Stendhal, telle que le comte Mosca l’explique à l’exquise duchesse dans La Chartreuse de Parme : “La première qualité chez un jeune homme d’aujourd’hui [...] c’est de n’être pas susceptible d’enthousiasme et de n’avoir pas d’esprit.”
Le portrait tout craché de ce crétin que j’ai épousé, bénie soit son âme rance. Dans ce cas, vous pouvez également ajouter le manque implicite de sens de l’humour et de l’honneur; oh, et l’incapacité de gagner un revenu, l’art de se satisfaire de son analphabétisme manifeste et d’être un pleutre congénital.”
Pas mal non ?

Le Liban décrit par l’auteur est intéressant, mais surtout présent à travers les histoires de guerre et les coupures de courant, et j’aurais aimé en voir un peu plus.

Le style est travaillé et agréable à lire, même si la lecture aurait été rendue plus simple (pour ma part) avec des parties plus distinctes, un tri un peu plus cohérent des souvenirs.

Un personnage principal original et nostalgique, aux souvenirs un peu mélangés, mais qui livre un récit touchant, porté par une belle écriture et des touches d’humour un peu grinçant.
Si ce livre m’a fait passer un bon moment de lecture, je pense qu’il est à réserver à un certain public, proche de la narratrice, donc amateur de littérature plutôt classique - qui peut paraître élitiste - pour les références, et éventuellement avec un ex-mari contre qui vous avez une dent !

Ma note : 14/20



1 commentaire:

  1. J'ai prévu de le lire et j'espère aimer, les avis ont l'air un peu mitigés..

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